Oui, rentré sans souci et avec la banane. Samedi matin arrivée au parking, sous la pluie...petite vérification de la voiture, tout semble en ordre. Démarrage, et hop direction le Perche.
Les premiers kilomètres sont délicats: je connais peu ou pas la voiture, le trafic est dense, la pluie battante. A l'affut du bruit louche qui pourrait survenir, je ne prends confiance qu'après un certain temps. Il se passera de nombreuses minutes avant que je n'arrête de scruter les indicateurs...
La pluie cesse, la route se libère, la confiance arrive et le plaisir avec. La voiture ronronne doucement, sagement et sans donner le moindre signe de faiblesse. Je commence à savourer le son du M30, les regards au compteur ne servent plus à regarder la température d'eau mais à examiner la batterie de commandes en allemand... Was für ein Wagen! Troisième en prise directe, c'est vrai qu'une quatrième ne manquerait pas car le régime est haut en vitesse de croisière, comme ça se faisait à l'époque. Pour l'instant de toute façon ce n'est pas gênant, je reste aux alentours de 110.
Je m'arrête prendre un café, et inspecte la voiture. Pas de fuite apparente, les niveaux sont bons, rien ne cloche. On redémarre et cette fois le rythme s'accélère. Je quitte la file de droite pour commencer à doubler. 120, 130, 140 la moindre sollicitation permet de déposer l'impétrant qui ne dispose pas d'un 6 en ligne (ou qui respecte les limitations...). Je me remémore les publicités d'époque expliquant que si vous n'aviez pas de BMW il fallait vous laisser doubler, ou en acheter une....
Sagement je reprends la file de droite: toujours pas de bruit suspect, rien d'alarmant. RAS en fait. Tout est redevenu calme et civilisé. Fascinante toujours, cette capacité de bon nombre de BMW de l'époque de rouler sur un filet de gaz ou de truster la file de gauche...
Chartres: je décide de prendre la nationale. La musique change, je commence à voir comment la voiture réagit dans les enfilements de virages. Le poids est bien là, c'est le premier constat. Le freinage bien que bien dosé et efficace au final me parait peu adapté à la voiture: il faut enfoncer la pédale assez loin avant d'avoir un vrai ralentissement. Ceci dit j'ai surtout l'habitude des pédales très directes et lors d'un freinage d'urgence au retour je verrai que la voiture peut s'arrêter de manière efficace. A voir si un réglage est nécessaire.
D'autant plus que les freins sont plus indispensables que sur une boite méca. La BVA passe ses rapports doucement, mais ne rétrograde que contrainte et forcée. Je finirai par souvent utiliser la position "2" pour éviter un passage en troisième dans les agglomérations, ou pour rétrograder avant un rond point.
A propos des ronds-points, ce n'est pas le terrain de jeu préferé de la voiture. Sur le sec ça se passe bien, sur le gras bien que prévenu je vais vite voire la limite des pneus, qui même à très basse vitesse "accrochent" en grognant et m'expliquent clairement que si j'accélère ou freine ça n'ira pas comme prévu. La tendance dans ces conditions est sous-vireuse, ce qui m'étonne.
Je ne sais si là encore mes habitudes (un rond point se passe taquet avec une deuche) me jouent des tours, mais clairement la E21 passait bien mieux. Je me demande si mes pneus ne sont pas surgonflés? Celà expliquerait aussi que je trouve que le passage sur les saignées et autres imperfections de la route n'est pas digne de la voiture: il y a des trépidations. Là encore, à vérifier.
Par contre, dès que les courbes s'enchainent je me régale. Je pensais tomber sur un comportement pataud, mais finalement la voiture ne prends pas top de roulis et semble s'éjecter comme une balle vers le virage suivant. Pour peu que l'on décide d'accélerer le rythme, le grondement sourd se transforme en miaulement rauque: la boite passe en "deuze" et clairement, ça se ressent. Les 200 chevaux sont là et on arrive vite à la courbe suivante, avalée impérieusement pour peu que le sol soit sec. La sensation de poussée dans les reins, le capot qui se lève, le chant du 6 qui monte vers ses 6000 tours...On est bien dans une BMW, pas de doute.Le petit volant facilite bien les manoeuvres. En cas de poussée franche sur l'accélérateur, le "kick down" remplit son office et l'aiguille du compte tours grimpe à l'assaut de la boite à gant avec une vitesse effarante. A n'utiliser que les roues droites...Mais quel plaisir!
Même si à 80% du trajet on reste sage, la facilité avec laquelle la voiture se transforme en une sorte de missile sol/sol est enthousiasmante. Son agrément ne réside pas dans l'accélération en elle même (une 635 boite courte ou une M fera mieux même si déjà les chiffres sont flatteurs pour l'époque) mais plutôt dans l'enthousiasme avec lequel le moteur propulse la voiture: le couple est présent tout le temps et je sais pouvoir doubler ou transformer cet innocent virage en point d'attaque quand je veux.
Niveau consommation: précisons que ce point n'était pas le critère lors de mon achat, bien évidemment. Je reconnais que faire un plein de 70 litres de SP 98 n'est pas la partie la plus joyeuse, mais au cours de mes 500 kms j'ai consommé 13,44 litres aux 100. C'est plus du double de ma Mandarinoën, mais in fine c'est une valeur très raisonnable si l'on considère la puissance du véhicule, la BVA, les trajets effectués, les différents réglages à réaliser...
Et surtout c'est tout de même une des meilleures façons de brûler de l'essence
