Dimimix> 360 ch oui, mais ce n'est pas comparable à une Ferrari F40 quand même

.
La Ferrari à laquelle la B10 a été confrontée lors de sa sortie est la Testarossa.
Les journalistes étaient ahuris de voir que la b10 était devant, en termes de performances , comme en témoigne cet article de 1990 :
Test Sport & Auto allemand.
Un autre journal, pour accentuer les différences, a meme affublé la B10, dans le comparatif avec la Testarossa, de rails de toit et d'une planche de surf ! L'histoire ne dit pas s'ils l'ont maintenue pour effectuer le test de VMax (290 km/h).
Il faut savoir aussi que la B10 était une extrapolation d'une 535i, dans deux directions a priori opposées. Je veux dire que la B10 était à la fois plus confortable qu'une 535i, et bien sur beaucoup plus performante.
Plus confortable car:
- la b10 est plus silencieuse (effet des deux turbos agissant comme une sourdine; le moteur est quasi inaudible dans l'habitacle)
- elle est équipée de suspensions hydrauliques à l'arrière , comme les 750 i de l'époque
- le couple permet de rouler sur un filet de gaz, sans changer de vitesse, d'ou une conduite plus "zen"
- et bien sur par l'équipement Alpina: sièges recaro électriques & chauffants en cuir buffle, airco , ASC, Hi fi, ..
La B10 était donc (je me répète mais j'aime faire preuve d'oecuménisme en cette matière, c'est mon rôle sur terre

), contrairement à ce que beaucoup pensent, une voiture extrêmement civilisée, aux antipodes des sensations "brutes" que peut procurer une M3 ou une M5 d'époque.
Le plaisir de conduite d'une B10 ne se trouve pas dans les sensations directes qu'elle vous procure, mais plutôt dans le fait de réaliser ce que cette voiture fait pour vous, sans que vous vous en rendiez compte. Pas ou peu de bruit, pas de suspensions dures, une direction légère, et même quand vous mettez le pied droit dans l'accélérateur, vous serez décus si vous attendez un coup de pied aux fesses. La voiture se met souplement à accélérer, d'abord assez raisonnablement, puis lorsque vous pensez que la pression va baisser, elle augmente encore, mais toujours en silence. Les vitesses passent sans accroc malgré le couple énorme, et lorsqu'on atteint de hautes vitesses (moins de 20 sec pour être à 200) , aucune vibration, ni bruit dérangeant. Seul les pneumatiques se font entendre. Un freinage à ces vitesses, sans être hyper assisté comme on en a l'habitude aujourd'hui, vous ramènera sans encombre à des vitesses raisonnables. Il faut avoir conduit à ces vitesses d'autres voitures de cette époque (une Aston par exemple

) pour se rendre compte de la performance que tout cela constitue.
Une autre anecdote sur la b10 est la réaction de la femme du patron-créateur d'Alpina, Burkhard Bovensiepen, à qui celui ci avait confié une des premières B10 (sans lui dire que c'était une B10). Après avoir roulé en ville le premier jour, la femme rentre et demande à son mari pourquoi elle a reçu une BMW normale. Burkhard lui répond : "demain, vas sur l'autoroute". Le lendemain, sa femme rentre et lui dit "c'est une Alpina".
Pour conclure, je citerais deux journalistes, d'abord mon mentor récemment décédé, Paul Frère, pour qui la B10 biturbo était "la meilleure voiture du monde", et un journaliste anglais, qui a trouvé la comparaison la plus juste de la B10 avec une autre voiture: très loin d'une ferrari, la voiture qui ressemble la plus à une b10 est pour lui une ...Bentley.
Un mot sur les prix (quand je commence sur la B10, c'est comme "les belles histoire de l'Oncle Paul") : la b10 était vendue, à l'époque, 143,000 DM, ( 72,000 €) , soit trois fois le prix de la 535 i dont elle découlait. Bien que bien moins cher que les voitures auxquelles elle était comparée (Testarossa: 266,000 DM) , ce prix était jugé énorme. Mais il reflétait le travail en profondeur effectué par Alpina (2 ans de recherche pour mettre le moteur et ses deux turbos au point). Selon les mêmes proportions, Alpina devrait vendre sa b5 actuelle à 210, 000 €, par rapport à la 550 i dont elle découle (70,000 €). Or la B5 est vendue à 95,000 €. Mais elle est - de façon relative- bien moins sophistiquée dans ses solutions que la b10 ne l'était à l'époque... La B10 fait partie d'une espèce disparue, même chez Alpina.