
Récent inscrit sur 6enligne, je me suis brièvement présenté dans la section dédiée, et j'ai découvert que de nombreux membres décrivaient leur histoire et leurs aventures avec leurs autos. J'ai donc pris la décision de faire de même, et j'ai trouvé que cette section était la tribune parfaite. L'objectif de ce topic est de retracer petit à petit les étapes de ma rencontre et de mon aventure avec mon auto, pour vous le partager, et pour graver ces souvenirs dans les annales numériques.
Un petit peu de contexte : je n'ai pas d'expérience en mécanique auto, seule mon énorme envie d'apprendre et d'en faire le maximum moi-même m'ont poussé à me lancer. À côté de ça, c'est surtout la mécanique vélo qui m'occupait jusqu'à maintenant (et qui m'occupe toujours) : cycliste depuis tout petit, je monte et entretiens tous mes vélos moi-même, absolument toutes les pièces et composants. Rien à voir avec de l'auto, mais je me dis que je suis peut-être capable de faire quelques trucs malgré tout, et si ça ne marche pas, au moins j'aurai essayé.
Bref. Revenons à nos moutons : il y a une vingtaine d'années (j'ai 32 ans) je m'étais promis d'avoir un jour une M3 E30. Face au manque de soutien de la part de mon entourage ("mais une BM c'est des frais avant tout", "c'est un truc qui tombe en panne toutes les semaines", etc.), j'avais lâché l'affaire. Puis je m'y suis remis après le Covid, pour rapidement déchanter : l'effet "youngtimers" est passé par là, et ce qui au départ était un rêve de gosse est devenu carrément inaccessible, même la nuit allongé dans son lit. La M3 E30 c'est pas pour moi, et vu les prix délirants l'E30 tout court non plus.
Sans baisser les bras, j'ai continué à chercher, et j'ai fini par tomber sur une config qui me plairait bien : un Touring E34, idéalement en diesel, une bonne routière quoi.
Après quelques mois de recherche sur internet, je tombe sur une annonce à 3 heures de chez moi, une E34 525 Tds Touring de 1993 affichant 260 000 km, vendue 1300€ avec une suspicion de joint de culasse et un embrayage à refaire. Les symptômes que le propriétaire a constatés au cours des 4000 km qu'il a roulés avec : l'auto bouffe de l'huile (~1L tous les 700 km selon lui), et parfois des fumées bleues à l'échappement sur l'autoroute.
Du reste, la voiture est présentée comme importée d'Allemagne il y a 10 ans, entretien en concession, carnet BMW à l'appui, base saine sauf une légère rouille superficielle au point de cric avant côté passager. Il ne m'en faut pas plus pour avoir envie d'aller au moins voir à quoi ça ressemble ! Un coup de téléphone au propriétaire, rendez-vous est pris pour un jeudi de début janvier, mais il me déconseille de rentrer avec par la route. Pas dérangé pour si peu, je m'équipe et descends donc "voir" le Touring avec un plateau, "au cas où". Si j'avais su...
Arrivé sur place, c'est le coup de foudre, la bête est là, imposante, un bloc germanique figé dans le temps. Tout me plait, je n'ai même pas encore tourné la clef dans le contact que je m'imagine déjà sur l'autoroute des vacances, confortablement installé au gouvernail de ce bateau sans fin (4m72, je roule habituellement en 306 de... 4m03). Je m'affaire donc pour contrôler l'auto. Précision importante : à ce moment-là je ne connais personne qui peut m'accompagner ou me conseiller sur de la mécanique auto ou quoi que ce soit d'autre, je suis complètement seul et dois donc prendre des risques. Pour m'accompagner je n'ai que des conseils glanés ça et là sur internet, j'ai fait une petite liste des points à vérifier, mais c'est toujours un peu la loterie. Pas grave, je fonce.
Je passe dessous et pique avec un tournevis, rien de suspect, je ne sens pas de croustillement sous le revêtement anti-gravillons, le point de rouille sur l'emplacement de cric n'a pas l'air de s'étendre trop loin, je ne peux pas en savoir bien plus à ce moment là. Le reste de la carrosserie est propre pour 30 ans, pas de rouille aux ailes, aux passages de roue, aux jointures de la tôle, pas d'impact majeur, elle est belle.
Avant de tourner la clef je jette un oeil au niveau d'huile : il est au mini. Le niveau de LDR est lui aussi sous la pointe de la petite flèche indiquant le niveau requis à froid. Est-ce que la vidange et le remplissage ont été faits correctement, chauffage à fond, et le niveau réajusté régulièrement ? Aucun moyen de le savoir, je reviendrai là-dessus plus tard. Je démarre, ça claque pas mal à froid ("c'est les injecteurs, c'est comme ça sur Tds"), bon très bien. Rien qui fuit, pas d'autre bruit suspect (gardons à l'esprit que le moulin a tout de même 30 ans). Pompe à gasoil refaite l'année précédente, durites de LDR pas trop dures mais le fluide circule bien, pas d'explosion par le bouchon de remplissage d'huile lorsque je l'ouvre, seulement quelques gouttelettes projetées, je contrôle un peu tout comme je peux, parfois sans trop de certitudes.
Un petit essai routier le temps de constater que les trains sont bons, l'embrayage est bien mort (je cale en démarrant en 3e mais il patine lorsqu'on accélère trop fort, surtout en 4 et 5 sur l'autoroute), mais du reste ça va, freinage et directions sont bons. Le moteur a eu le temps de chauffer, l'aiguille est à midi et ne bouge pas d'un poil, de ce côté là ç'a l'air d'aller. Le proprio a changé le thermostat récemment mais pas de trace du remplacement de la pompe à eau. Je me note de le faire rapidement ("si je prends l'auto" bien entendu...). La ventilation ne fonctionne qu'en position 4, "c'est les contacteurs derrière le bouton ça, il suffit de nettoyer". De mon avis c'est plutôt la résistance de soufflante sous le poste de conduite, et l'avenir me donnera raison.
Après 1h30 à tourner autour de la voiture, vérifications de base des intérieurs, de l'éclairage, du hayon de coffre, tout semble correct, je me demande de plus en plus comment je vais faire pour ne pas prendre ce Touring. Préférant vivre avec des remords qu'avec des regrets, je le monte sur le plateau et repars avec, non sans avoir tenté une petite négociation, mais 1300€ c'était déjà pas si haut (pour la postérié notons qu'en janvier 2023 on trouvait des E34 525 Tds "roulantes" à 300 000 km à 2500 - 3000 €). C'est reparti, 300 km de trajet retour jusqu'à Lyon. Après un saut dans le premier Bricomarché que j'ai trouvé pour acheter un bidon de 10w40 et 1L de LDR, je repars. Il fait déjà nuit, je n'ai pas de garage où entreposer l'auto à mon arrivée à Lyon, je dois restituer le plateau le lendemain à la première heure à 20 km de chez moi, et j'ai 3 heures de route devant moi, largement le temps de me demander si j'ai réalisé le hold-up ou fait une énorme c*nnerie.