Avec une spire brisée, le ressort s'affaisse davantage que d'ordinaire.
Prenons l'exemple du ressort arrière gauche qui serait concerné par cette défaillance.
En cas de virage violent à droite, avec inscription brusque de la voiture en courbe, le transfert de masse comprime le ressort gauche. Lequel ne dispose pas de sa "force" habituelle (il lui manque une ou plusieurs spires) pour s'opposer à ce transfert de masse et à la prise de roulis de la caisse.
Première conséquence : la prise de roulis vers la gauche déleste plus que d'ordinaire la roue arrière droite. Laquelle perd un peu plus de son adhérence que d'ordinaire. Si cette roue se voit par ailleurs soumise à double influence d'une baisse subite du coefficient d'adhérence de la chaussée (le gras-mouillé dont vous parlez, par exemple) et elle est en plus soumise à un couple de traction (l'accélérateur est enfoncé et le pont est en prise), alors il se peut que son seuil maximal d'adhérence latérale soit dépassé plus tôt et plus vite que ce à quoi le conducteur s'attendait.
Deuxième conséquence. Du fait du transfert de masse vers la gauche, c'est déjà la roue arrière gauche qui doit d'ordinaire gérer l'essentiel de l'effort latéral (adhérence) et longitudinal (propulsion).
Mais, en l'occurrence, la roue arrière droite est encore plus délestée que d'ordinaire et la roue gauche a encore plus à faire que d'habitude.
Qui plus est, l'affaissement anormal du ressort a une influence directe sur le positionnement de la roue : sur son carrossage comme sur son pincement.
Sur la plupart des voitures, l'épure de suspension est calculée de sorte que lorsque le ressort arrière gauche est comprimé par le transfert de masse en virage, la roue adopte un carrossage négatif (façon R8 Gordini surbaissée, si vous voulez) et un certain degré de pincement. Un degré d'ouverture à l'arrière aide à inscrire la voiture en entrée de virage mais lui donne une instabilité en milieu et en sortie de virage (tendance au survirage) tandis qu'un degré de pincement a tendance au contraire à stabiliser l'angle de lacet après la phase d'inscription en virage.
En l'occurrence ma question est de savoir si, sur ce modèle de suspension arrière BMW, l'affaissement accidentel d'un ressort affecte le positionnement dans l'espace de la roue concernée.
Je ne pense pas (mais je ne suis pas sûr !) car je crois que le ressort endommagé équivaut à un ressort raccourci, le surcroît de fermeté et de maintien de caisse en moins. De sorte que sous l'effet du transfert de charge en virage, le bras de suspension et la roue remontent davantage que d'ordinaire, mais toujours en suivant l'épure programmée, telle que déterminée par l'angle et le positionnement des points de pivot du bras de suspension.
Au final, je pense néanmoins que sans l'effet amplificateur de transfert de charge et du roulis du ressort cassé, il est fort probable que les deux roues arrière n'auraient pas eu le temps de dépasser leur seuil d'adhérence latéral maximal. De sorte que la voiture n'aurait pas dérapé et chassé de l'arrière, ou peut-être pas avec une telle amplitude.
Sur ce, je vais me coucher !
PS : Une certaine série de Renault Twingo de la première série a souffert à l'avant d'un lot de ressorts défectueux chez le fournisseur. Il n'était pas rare de croiser des Twingo qui avait l'avant légèrement affaissé. Comme si elles avaient sempiternellement un conducteur de 200 kilos placé au volant.
Eh bien lors d'un freinage appuyé, ces voitures tiraient fortement à droite ou à gauche.
Manière de dire qu'un ressort cassé, même sur l'ultime spire, peut avoir une influence sensible sur l'équilibre de la voiture.